Tout, tout, tout, vous saurez tout sur Jean Mimi...
Posté : mar. 28 août 2018 00:05
Bonjour à tous ! 
Je m'présente, je m'appelle Jean-Mi.
J'aimerais bien réussir ma vie, être aimééé-ééé.
Être beau en CBF argent,
et surtout être intelligent,
mais pour tout ça,
faudrait qu'j'y consacre un peu d'temps... aaaan...
J'suis motard, comme tous mes copains.
J'aime les virages, quand ça tourne bien, tourne bien... hein...
Des p'tites routes où y'a plus personne,
où même les radars démissionnent
et me laissent profiter de ma belle Honda-aaa...
(Refrain)
Et partout dans la rue, j'veux qu'on parle de moi
qu'on dégage les av'nues dès que l'on m'aperçoit
que la foule me saluuuu-uuuue
et me souhaite la bienv'nuuuu-uuuue...
....
Hé dis donc, toi ! Tu n'as rien d'autre à foutre que saloper mes chansons ?
On t'a demandé de te présenter, il me semble ?
Alors tu attends quoi ? Allez, au boulot!
Et que ça saute !!!!
Ok ok, Daniel, te fâche pas... je m'y colle, promis...
Vieux motard que jamais, j'ai déjà 55 ans, et suis de nouveau célibataire depuis peu.
Je travaille dans l'environnement, et en particulier le risque industriel (les sites Seveso du style AZF, toussa...).
Si je me retrouve sur ce forum, vous vous doutez bien que ce n'est pas par hasard ?
Ben oui, je viens de m'acoquiner avec une CBF gris souris de 46 ans ma cadette.
Tout a commencé au mois de mai, un jour ensoleillé où j'ai familièrement croisé Fred.
Mais siiii : Fred... vous le connaissez aussi : celui que vous surnommez Fredo93, le Ch'ti de Seine-Saint-Denis bâti comme une armoire normande...
Fred je le croise au moins tous les deux ans, et à chaque fois on discute bécane.
Fidèle à mon habitude, je lui ai fait part de mon ennui profond à rester enfermé dans ma caisse à katrou depuis 20 ans, et de mon envie d'aller tâter du virolo au guidon d'une 600 CBF.
Et c'est là qu'il m'a dit de venir jeter un coup d'œil dans les petites annonces du forum, que Will vendait la sienne et qu'il logeait dans le coin.
Ah oui, j'ai oublié de vous dire : j'habite dans l'Ain, au pays des poulets (ceux qui ont des plumes, hein, pas ceux qui vous plument...
), et plus exactement à Bourg-en-Bresse.
(J'ai bien vu deux ou trois membres du forum dont le pseudo se termine par 01 qui ne doivent pas habiter trop loin de chez moi...)
C'est un beau pays, le département de l'Ain, vous devriez vous y arrêter un jour.
Au Nord vous avez les bocages de la Bresse et les monts du Jura, à l'Est le val de Saône et les collines dorées du Beaujolais, au Sud les étangs de la Dombes magnifiques à l'automne, et à l'Est les premiers contreforts des Alpes. Paysages variés et bucoliques...
Bon, voici que je m'égare, on en était où, déjà ?
Ah oui ! La CBF de Will...
Will est sans doute quelqu'un de très sympa, mais vous admettrez que son annonce n'était pas énormément renseignée
, et je m'en vais donc faire un tour sur le movai coin pour en savoir plus.
Et là je la trouve, à Grigny en banlieue lyonnaise, bien équipée, et rouge de surcroît, comme je les aime.
Mes Honda ont toujours été rouge. Mais j'y reviendrai plus tard.
J'appelle donc Will, et là, pas de bol : un jour krotar !
Quelqu'un l'avait appelé la veille et passait voir la bécane le samedi.
Et là, c'était tout sûr : vu l'équipement et le tarif proposé, le type n'allait pas perdre de temps à réfléchir avant de l'emmener...
Will m'a appelé le samedi : elle était partie.
Snif.
La mort dans l'âme, j'ai repris les pages du bon coin. Mais pas de 600 CBF rouge...
Il y avait bien une 1000, rouge, mais avec des kilomètres à faire pâlir Phileas Fogg.
En examinant les annonces de plus près, je me suis aperçu que les CBF rouge se vendaient au moins 500€ plus cher que les autres.
Mais pourquoi ? Elles vont plus vite, les rouges ? ou elles sont plus fiables ?
Allons bon... une peinture complète doit coûter environ 500€, on mettra un coup de badigeon si c'est nécessaire...
Il y avait une 1000 qui me faisait de l'œil, de 2009, avec seulement 30 000 au compteur, et à un tarif raisonnable.
Je me décide à lui rendre une petite visite.
Les options n'étaient pas pléthore, mais le minimum syndical y était : un sabot moteur, un garde boue AR, un top-case et une prise USB au guidon.
Elle sortait de révision, des pneus et un kit chaîne encore en bon état, et elle ronronnait comme un gros chat.
Je suis parti l'essayer sur 500m, et j'ai été conquis !
La maniabilité d'un vélo, et le couple moteur d'un char Leclerc. (pas les chariots pour faire les courses chez Édouard, hein, celui du maréchal...)
La force tranquille, quoi.
Le vendeur était militaire, mais sympa quand même, instructeur auto-école, et il m'inspirait confiance.
On est allé remplir les papiers, et pivalà, j'me retrouve en ménage avec une souris grise...
Allez, assez palabré sur cette CBF, j'aurai tout le temps de vous la présenter plus tard, on va maintenant causer de mon historique motard.
J'ai passé le permis en 1979.
Le permis 125, hein, car je n'avais que 16 ans à l'époque...
Le permis 125 en 1979, c'était pas très compliqué : les 40 diapos du Code, seulement accompagnées de 12 questions "spéciales".
Mais faut avouer que certaines questions étaient effectivement très "spéciales"...
Je m'en souviens d'une en particulier, que j'ai eue à l'examen :
"Avant chaque départ, je vérifie :
- le fonctionnement de l'éclairage, réponse A
- le niveau du liquide de frein, réponse B
- le numéro de série gravé sur le cadre, réponse C."
J'ai toujours pensé que celui qui avait pondu cette diapo ne devait pas accorder une grande confiance à la serrure de son garage...
En tout cas, dans le mien m'attendait une Motobécane LT3 flambant neuve, ou presque.
Vert grenouille, cette bécane était un vrai bonheur.
Pas très nerveuse à cause de rapports de boîte un peu longs, mais une fois lancée, le nez coincé entre les compteurs, elle laissait sur place tout ce qui roulait à l'époque : les KH (facile, elles n'avançaient pas grand chose avec leur mono-cylindre), Yam RDX et autres Suz' GT. Il n'y a que la 125 Gauthier qu'elle n'arrivait pas à suivre.
(l'était belle cette Gauthier. Toute frêle sous son carénage, avec des airs de Gitane Testi...)
L'année suivante, je me suis offert une DTMX.
Ben oui, la Tobec', pour aller faire le guignol dans la boue, c'était pas le top.
Après le montage d'un kit 175 (et quelques embiellages passés à travers), je l'ai remise en 125 pour plus de fiabilité.
Bonne à tout faire, elle m'a servi pendant de longues années.
En 1983 j'ai passé le permis moto.
Le vrai permis, celui qui autorisait la conduite des plus de 400 cm³.
Et mon banquier m'a aidé à financer ma première CB.
Une CB 900 F2 B, la Bol d'Or rouge et blanche carénée, avec les jantes dorées à l'or fin.
Un monument, cette moto.
Un moteur d'enfer qui ne se réveillait qu'à partir 7000 tours, mais qui vous tendait les bras (au sens propre) jusqu'à 12 000, bien après la zone rouge.
Elle avait bien quelques défauts, personne n'est parfait : des freins parfois un peu limites au vu des performances et du poids de la bête, mais surtout une tenue de route souvent aléatoire.
Quand il lui prenait l'idée de guidonner à 130 en ligne droite, ou de se mettre à dandiner du popotin à 160 en pleine courbe, vous sentiez les perles de sueur couler derrière la visière...
Une pression discrète, mais toutefois empreinte de fermeté, sur la pédale de frein arrière pour lui faire baisser les fesses, et ça passait !
J'avais essayé à l'époque d'installer des amortisseurs Fournalès, elle tanguait un peu moins, mais louvoyait toujours autant.
La pauvre a terminé sa vie un an plus tard encastrée dans le moteur d'une Renault 18...
Après un bref séjour dans un hôtel grand luxe avec plein d'infirmières pour s'occuper de moi, je me suis calmé en me disant que jamais plus je ne remonterai sur un deux-roues.
Mes bonnes résolutions ont tout de même duré trois ans, mais effectivement, je me suis calmé...
... en achetant une 1000 GL couleur Bordeaux métallisé : une vraie Goldouine de papy !
Il est vrai qu'à son guidon, tu ne peux que rester zen.
Un rond-point négocié à 25 km/h, et les pare-cylindres râclent le sol dans une gerbe d'étincelles.
Avec 5 km/h de plus, ce sont les cale-pieds qui te rappellent à l'ordre en se plantant sauvagement dans le bitume. Chaud devant !
À son bord, c'était "Ambiance Route 66" en écoutant "Born to be wild" dans l'autoradio-cassette, la clope au bec jusqu'à 110 km/h, bien planqué derrière l'immense pare-brise pelle à tarte.
Tellement peu de remous d'air que mon pote arrivait même à rouler ses clopes en route, confortablement vautré à l'arrière...
Des défauts ? Ah ben oui, elle en avait, évidemment.
Les petites routes bosselées de campagne n'étaient pas son fort : elle sautait comme un cabri à tous les virages, et chaque atterrissage de la roue arrière était plus qu'improbable.
Et son appétit !!! Sa gloutonnerie atteignait des profondeurs insondables dès qu'on arrivait en ville, jusqu'à 12 litres aux cent bornes !
Mais je lui pardonnais : sa maniabilité et son équilibre en manœuvres étaient miraculeux au vu du gabarit de l'engin, et son confort était incomparable. La Rolls des deux-roues.
Elle a pris sa retraite au début des années 2000, le jour où la dernière pompe de super-carburant a disparu du territoire : elle ne supportait pas le sans-plomb...
Dommage.
Entre temps, en 1985, javais acheté une autre CB : une CB 400 N, rouge également.
Pas pour moi, j'avais juré à l'époque que je ne poserais plus jamais les fesses sur un deux-roues, mais ma frangine souhaitait passer son permis.
D'une hauteur de moins de 1m50, il lui fallait quelque chose de bas et maniable pour se faufiler entre les boîtes de conserves faisant office de cônes sur la piste moto-école improvisée du parking de Casino.
Après une vingtaine de chutes, une ribambelle de rétros et de clignotants détruits, elle a fini par abandonner l'idée de devenir pilote de course...
Je l'ai donc gardée pour moi, et m'en suis servi entre 1990 et 2000 (la CBN, hein, pas la frangine...
), essentiellement pour aller au boulot, son appétit d'oiseau étant plus compatible avec mon compte en banque que celui de la Gold.
J'ai refait le moteur à 35 000 km, la chaîne de distribution ayant pris du jeu sans que je m'en aperçoive, jusqu'à user le puits de chaîne entre les cylindres et créer une fuite d'huile. Je l'ai remplacé par un moteur de CB 400 T dont la boîte avait explosé.
Dans le même temps, j'en ai profité pour la mettre en pièces et lui faire une révision complète : remplacement des joints spi et des roulements de fourche, ainsi que ceux du bras oscillant.
Une peinture perso et elle est repartie comme neuve.
Je l'ai mise à l'arrêt car l'embrayage commençait à patiner et je n'avais plus à l'époque de local pour bricoler.
Décembre 1989 a été dans l'Ain le théatre de chutes de neige assez conséquentes : 82 cm en deux jours !
Il s'est avéré au printemps suivant que les chemins forestiers étaient devenus impraticables, les arbres cassés ou déracinés barraient la route. Il fallait à chaque fois soulever la DTMX par dessus les troncs couchés ou faire un détour en longeant les fossés.
Pas pratique, hein ? surtout qu'elle était lourde à soulever, la DT.
J'ai donc investi dans une Fantic Coach Week-End, une moto trial équipée à la va-vite (mais d'origine) d'une selle bi-place.
J'ai installé sur la boucle arrière une caisse pouvant accueillir en toute sécurité une tronçonneuse, et j'ai joué au bûcheron pendant au moins un an avant de voir mes chemins préférés enfin dégagés.
Super maniable, cette Fantic.
Un obstacle au milieu du chemin ? Un sentier effondré en contrebas ? Un gué dont on ne connait pas la profondeur ?
Aucun problème, elle passe partout, toujours prête à grimper des pistes abruptes que je n'oserais même pas descendre à pied, même en me cramponnant aux branches.
D'une facilité et d'une vivacité exemplaires, autant dans le cadre que dans le moteur.
Un moteur cependant un peu fragile si on ne s'en sert pas à bon escient.
Une fois les chemins dégagés, je l'ai utilisée en mode enduro, en essayant de courir derrière une Yam 250 YZ. Ça n'a pas duré longtemps...
D'abord le piston et le cylindre qui n'ont pas aimé les surchauffes en continu, puis pour finir un embiellage qui n'en finissait pas de claquer à chaud.
Et le prix des pièces détachées ! Haaaaan !!!!
À l'époque où un piston Wiseko pour YZ coûtait environ 200 F, j'ai payé celui de la Fantic 2200 F !
Et il a fallu l'attendre, ce piston : quatre mois et demi pour venir de Dijon !
À la SIMA, on prend vraiment les clients pour des pigeons...
En 1992, ma femme a passé le permis moto.
Jusqu'alors, elle utilisait cette bonne vieille DTMX, mais avec le précieux sésame en poche, elle souhaitait une monture à la mesure de ses ambitions...
Elle jugeait la Fantic peu confortable à cause de l'absence de selle, et c'est donc une Kawa 250 KLX qui est venue s'installer dans notre écurie, verte comme il se doit.
Un moteur 4 temps increvable, refroidi à air, avec une bonne volonté et une allonge considérables.
Malheureusement dotée de freins inexistants, son moteur était impossible à redémarrer à chaud si on avait la malchance de caler dans un bourbier.
J'en ai pris des sueurs, à taper sur ce kick qui me remontait avec vigueur dans les mollets une fois sur deux...
Sinon une bonne motricité, quel que soit le terrain, boueux ou défoncé.
C'est la seule moto que j'ai revendue, pour une bouchée de pain à un collègue de boulot : je n'avais à l'époque pas la place pour la garder.
Et pivalà, je crois que j'ai fait le tour de mon pédigrée et de mes motos, merci de m'avoir lu jusqu'au bout.
J'ai sans doute été un peu long dans mon discours, mais une rumeur (sans doute propagée par des mauvaises langues
) raconte qu'un lézard géant surveille l'entrée du forum, et apostrophe ceux qui osent passer la porte sans présenter dans les règles leur curry tue l'homme vite et ... bien.
J'espère que le saurien motorisé saura se montrer indulgent à mon égard...
En tout cas bravo à ce forum et à ceux qui l'animent par leurs connaissances et leur dévouement, vos conseils et votre expérience sont une mine d'or pour les nouveaux CBFistes dont je fais partie.
Et pour la présentation de ma souris grise, je vous prépare ça aussi, le temps de faire quelques zoulies photos...
Bisous à tout le monde ... et tournée générale !
Je m'présente, je m'appelle Jean-Mi.
J'aimerais bien réussir ma vie, être aimééé-ééé.
Être beau en CBF argent,
et surtout être intelligent,
mais pour tout ça,
faudrait qu'j'y consacre un peu d'temps... aaaan...
J'suis motard, comme tous mes copains.
J'aime les virages, quand ça tourne bien, tourne bien... hein...
Des p'tites routes où y'a plus personne,
où même les radars démissionnent
et me laissent profiter de ma belle Honda-aaa...
(Refrain)
Et partout dans la rue, j'veux qu'on parle de moi
qu'on dégage les av'nues dès que l'on m'aperçoit
que la foule me saluuuu-uuuue
et me souhaite la bienv'nuuuu-uuuue...
....
Hé dis donc, toi ! Tu n'as rien d'autre à foutre que saloper mes chansons ?
On t'a demandé de te présenter, il me semble ?
Alors tu attends quoi ? Allez, au boulot!
Et que ça saute !!!!
Ok ok, Daniel, te fâche pas... je m'y colle, promis...
Vieux motard que jamais, j'ai déjà 55 ans, et suis de nouveau célibataire depuis peu.
Je travaille dans l'environnement, et en particulier le risque industriel (les sites Seveso du style AZF, toussa...).
Si je me retrouve sur ce forum, vous vous doutez bien que ce n'est pas par hasard ?
Ben oui, je viens de m'acoquiner avec une CBF gris souris de 46 ans ma cadette.
Tout a commencé au mois de mai, un jour ensoleillé où j'ai familièrement croisé Fred.
Mais siiii : Fred... vous le connaissez aussi : celui que vous surnommez Fredo93, le Ch'ti de Seine-Saint-Denis bâti comme une armoire normande...
Fred je le croise au moins tous les deux ans, et à chaque fois on discute bécane.
Fidèle à mon habitude, je lui ai fait part de mon ennui profond à rester enfermé dans ma caisse à katrou depuis 20 ans, et de mon envie d'aller tâter du virolo au guidon d'une 600 CBF.
Et c'est là qu'il m'a dit de venir jeter un coup d'œil dans les petites annonces du forum, que Will vendait la sienne et qu'il logeait dans le coin.
Ah oui, j'ai oublié de vous dire : j'habite dans l'Ain, au pays des poulets (ceux qui ont des plumes, hein, pas ceux qui vous plument...
), et plus exactement à Bourg-en-Bresse.(J'ai bien vu deux ou trois membres du forum dont le pseudo se termine par 01 qui ne doivent pas habiter trop loin de chez moi...)
C'est un beau pays, le département de l'Ain, vous devriez vous y arrêter un jour.
Au Nord vous avez les bocages de la Bresse et les monts du Jura, à l'Est le val de Saône et les collines dorées du Beaujolais, au Sud les étangs de la Dombes magnifiques à l'automne, et à l'Est les premiers contreforts des Alpes. Paysages variés et bucoliques...
Bon, voici que je m'égare, on en était où, déjà ?
Ah oui ! La CBF de Will...
Will est sans doute quelqu'un de très sympa, mais vous admettrez que son annonce n'était pas énormément renseignée
, et je m'en vais donc faire un tour sur le movai coin pour en savoir plus.Et là je la trouve, à Grigny en banlieue lyonnaise, bien équipée, et rouge de surcroît, comme je les aime.
Mes Honda ont toujours été rouge. Mais j'y reviendrai plus tard.
J'appelle donc Will, et là, pas de bol : un jour krotar !
Quelqu'un l'avait appelé la veille et passait voir la bécane le samedi.
Et là, c'était tout sûr : vu l'équipement et le tarif proposé, le type n'allait pas perdre de temps à réfléchir avant de l'emmener...
Will m'a appelé le samedi : elle était partie.
Snif.
La mort dans l'âme, j'ai repris les pages du bon coin. Mais pas de 600 CBF rouge...
Il y avait bien une 1000, rouge, mais avec des kilomètres à faire pâlir Phileas Fogg.
En examinant les annonces de plus près, je me suis aperçu que les CBF rouge se vendaient au moins 500€ plus cher que les autres.
Mais pourquoi ? Elles vont plus vite, les rouges ? ou elles sont plus fiables ?
Allons bon... une peinture complète doit coûter environ 500€, on mettra un coup de badigeon si c'est nécessaire...
Il y avait une 1000 qui me faisait de l'œil, de 2009, avec seulement 30 000 au compteur, et à un tarif raisonnable.
Je me décide à lui rendre une petite visite.
Les options n'étaient pas pléthore, mais le minimum syndical y était : un sabot moteur, un garde boue AR, un top-case et une prise USB au guidon.
Elle sortait de révision, des pneus et un kit chaîne encore en bon état, et elle ronronnait comme un gros chat.
Je suis parti l'essayer sur 500m, et j'ai été conquis !
La maniabilité d'un vélo, et le couple moteur d'un char Leclerc. (pas les chariots pour faire les courses chez Édouard, hein, celui du maréchal...)
La force tranquille, quoi.
Le vendeur était militaire, mais sympa quand même, instructeur auto-école, et il m'inspirait confiance.
On est allé remplir les papiers, et pivalà, j'me retrouve en ménage avec une souris grise...
Allez, assez palabré sur cette CBF, j'aurai tout le temps de vous la présenter plus tard, on va maintenant causer de mon historique motard.
J'ai passé le permis en 1979.
Le permis 125, hein, car je n'avais que 16 ans à l'époque...
Le permis 125 en 1979, c'était pas très compliqué : les 40 diapos du Code, seulement accompagnées de 12 questions "spéciales".
Mais faut avouer que certaines questions étaient effectivement très "spéciales"...
Je m'en souviens d'une en particulier, que j'ai eue à l'examen :
"Avant chaque départ, je vérifie :
- le fonctionnement de l'éclairage, réponse A
- le niveau du liquide de frein, réponse B
- le numéro de série gravé sur le cadre, réponse C."
J'ai toujours pensé que celui qui avait pondu cette diapo ne devait pas accorder une grande confiance à la serrure de son garage...
En tout cas, dans le mien m'attendait une Motobécane LT3 flambant neuve, ou presque.
Vert grenouille, cette bécane était un vrai bonheur.
Pas très nerveuse à cause de rapports de boîte un peu longs, mais une fois lancée, le nez coincé entre les compteurs, elle laissait sur place tout ce qui roulait à l'époque : les KH (facile, elles n'avançaient pas grand chose avec leur mono-cylindre), Yam RDX et autres Suz' GT. Il n'y a que la 125 Gauthier qu'elle n'arrivait pas à suivre.
(l'était belle cette Gauthier. Toute frêle sous son carénage, avec des airs de Gitane Testi...)
L'année suivante, je me suis offert une DTMX.
Ben oui, la Tobec', pour aller faire le guignol dans la boue, c'était pas le top.
Après le montage d'un kit 175 (et quelques embiellages passés à travers), je l'ai remise en 125 pour plus de fiabilité.
Bonne à tout faire, elle m'a servi pendant de longues années.
En 1983 j'ai passé le permis moto.
Le vrai permis, celui qui autorisait la conduite des plus de 400 cm³.
Et mon banquier m'a aidé à financer ma première CB.
Une CB 900 F2 B, la Bol d'Or rouge et blanche carénée, avec les jantes dorées à l'or fin.
Un monument, cette moto.
Un moteur d'enfer qui ne se réveillait qu'à partir 7000 tours, mais qui vous tendait les bras (au sens propre) jusqu'à 12 000, bien après la zone rouge.
Elle avait bien quelques défauts, personne n'est parfait : des freins parfois un peu limites au vu des performances et du poids de la bête, mais surtout une tenue de route souvent aléatoire.
Quand il lui prenait l'idée de guidonner à 130 en ligne droite, ou de se mettre à dandiner du popotin à 160 en pleine courbe, vous sentiez les perles de sueur couler derrière la visière...
Une pression discrète, mais toutefois empreinte de fermeté, sur la pédale de frein arrière pour lui faire baisser les fesses, et ça passait !
J'avais essayé à l'époque d'installer des amortisseurs Fournalès, elle tanguait un peu moins, mais louvoyait toujours autant.
La pauvre a terminé sa vie un an plus tard encastrée dans le moteur d'une Renault 18...
Après un bref séjour dans un hôtel grand luxe avec plein d'infirmières pour s'occuper de moi, je me suis calmé en me disant que jamais plus je ne remonterai sur un deux-roues.
Mes bonnes résolutions ont tout de même duré trois ans, mais effectivement, je me suis calmé...
... en achetant une 1000 GL couleur Bordeaux métallisé : une vraie Goldouine de papy !
Il est vrai qu'à son guidon, tu ne peux que rester zen.
Un rond-point négocié à 25 km/h, et les pare-cylindres râclent le sol dans une gerbe d'étincelles.
Avec 5 km/h de plus, ce sont les cale-pieds qui te rappellent à l'ordre en se plantant sauvagement dans le bitume. Chaud devant !
À son bord, c'était "Ambiance Route 66" en écoutant "Born to be wild" dans l'autoradio-cassette, la clope au bec jusqu'à 110 km/h, bien planqué derrière l'immense pare-brise pelle à tarte.
Tellement peu de remous d'air que mon pote arrivait même à rouler ses clopes en route, confortablement vautré à l'arrière...
Des défauts ? Ah ben oui, elle en avait, évidemment.
Les petites routes bosselées de campagne n'étaient pas son fort : elle sautait comme un cabri à tous les virages, et chaque atterrissage de la roue arrière était plus qu'improbable.
Et son appétit !!! Sa gloutonnerie atteignait des profondeurs insondables dès qu'on arrivait en ville, jusqu'à 12 litres aux cent bornes !
Mais je lui pardonnais : sa maniabilité et son équilibre en manœuvres étaient miraculeux au vu du gabarit de l'engin, et son confort était incomparable. La Rolls des deux-roues.
Elle a pris sa retraite au début des années 2000, le jour où la dernière pompe de super-carburant a disparu du territoire : elle ne supportait pas le sans-plomb...
Dommage.
Entre temps, en 1985, javais acheté une autre CB : une CB 400 N, rouge également.
Pas pour moi, j'avais juré à l'époque que je ne poserais plus jamais les fesses sur un deux-roues, mais ma frangine souhaitait passer son permis.
D'une hauteur de moins de 1m50, il lui fallait quelque chose de bas et maniable pour se faufiler entre les boîtes de conserves faisant office de cônes sur la piste moto-école improvisée du parking de Casino.
Après une vingtaine de chutes, une ribambelle de rétros et de clignotants détruits, elle a fini par abandonner l'idée de devenir pilote de course...
Je l'ai donc gardée pour moi, et m'en suis servi entre 1990 et 2000 (la CBN, hein, pas la frangine...
), essentiellement pour aller au boulot, son appétit d'oiseau étant plus compatible avec mon compte en banque que celui de la Gold.J'ai refait le moteur à 35 000 km, la chaîne de distribution ayant pris du jeu sans que je m'en aperçoive, jusqu'à user le puits de chaîne entre les cylindres et créer une fuite d'huile. Je l'ai remplacé par un moteur de CB 400 T dont la boîte avait explosé.
Dans le même temps, j'en ai profité pour la mettre en pièces et lui faire une révision complète : remplacement des joints spi et des roulements de fourche, ainsi que ceux du bras oscillant.
Une peinture perso et elle est repartie comme neuve.
Je l'ai mise à l'arrêt car l'embrayage commençait à patiner et je n'avais plus à l'époque de local pour bricoler.
Décembre 1989 a été dans l'Ain le théatre de chutes de neige assez conséquentes : 82 cm en deux jours !
Il s'est avéré au printemps suivant que les chemins forestiers étaient devenus impraticables, les arbres cassés ou déracinés barraient la route. Il fallait à chaque fois soulever la DTMX par dessus les troncs couchés ou faire un détour en longeant les fossés.
Pas pratique, hein ? surtout qu'elle était lourde à soulever, la DT.
J'ai donc investi dans une Fantic Coach Week-End, une moto trial équipée à la va-vite (mais d'origine) d'une selle bi-place.
J'ai installé sur la boucle arrière une caisse pouvant accueillir en toute sécurité une tronçonneuse, et j'ai joué au bûcheron pendant au moins un an avant de voir mes chemins préférés enfin dégagés.
Super maniable, cette Fantic.
Un obstacle au milieu du chemin ? Un sentier effondré en contrebas ? Un gué dont on ne connait pas la profondeur ?
Aucun problème, elle passe partout, toujours prête à grimper des pistes abruptes que je n'oserais même pas descendre à pied, même en me cramponnant aux branches.
D'une facilité et d'une vivacité exemplaires, autant dans le cadre que dans le moteur.
Un moteur cependant un peu fragile si on ne s'en sert pas à bon escient.
Une fois les chemins dégagés, je l'ai utilisée en mode enduro, en essayant de courir derrière une Yam 250 YZ. Ça n'a pas duré longtemps...
D'abord le piston et le cylindre qui n'ont pas aimé les surchauffes en continu, puis pour finir un embiellage qui n'en finissait pas de claquer à chaud.
Et le prix des pièces détachées ! Haaaaan !!!!
À l'époque où un piston Wiseko pour YZ coûtait environ 200 F, j'ai payé celui de la Fantic 2200 F !
Et il a fallu l'attendre, ce piston : quatre mois et demi pour venir de Dijon !
À la SIMA, on prend vraiment les clients pour des pigeons...
En 1992, ma femme a passé le permis moto.
Jusqu'alors, elle utilisait cette bonne vieille DTMX, mais avec le précieux sésame en poche, elle souhaitait une monture à la mesure de ses ambitions...
Elle jugeait la Fantic peu confortable à cause de l'absence de selle, et c'est donc une Kawa 250 KLX qui est venue s'installer dans notre écurie, verte comme il se doit.
Un moteur 4 temps increvable, refroidi à air, avec une bonne volonté et une allonge considérables.
Malheureusement dotée de freins inexistants, son moteur était impossible à redémarrer à chaud si on avait la malchance de caler dans un bourbier.
J'en ai pris des sueurs, à taper sur ce kick qui me remontait avec vigueur dans les mollets une fois sur deux...
Sinon une bonne motricité, quel que soit le terrain, boueux ou défoncé.
C'est la seule moto que j'ai revendue, pour une bouchée de pain à un collègue de boulot : je n'avais à l'époque pas la place pour la garder.
Et pivalà, je crois que j'ai fait le tour de mon pédigrée et de mes motos, merci de m'avoir lu jusqu'au bout.
J'ai sans doute été un peu long dans mon discours, mais une rumeur (sans doute propagée par des mauvaises langues
) raconte qu'un lézard géant surveille l'entrée du forum, et apostrophe ceux qui osent passer la porte sans présenter dans les règles leur curry tue l'homme vite et ... bien.J'espère que le saurien motorisé saura se montrer indulgent à mon égard...
En tout cas bravo à ce forum et à ceux qui l'animent par leurs connaissances et leur dévouement, vos conseils et votre expérience sont une mine d'or pour les nouveaux CBFistes dont je fais partie.
Et pour la présentation de ma souris grise, je vous prépare ça aussi, le temps de faire quelques zoulies photos...
Bisous à tout le monde ... et tournée générale !
chapeau bas mon ami pour cette présentation dès plus complète. Tu trouveras ta place sans aucun doute sur ce merveilleux forum. Bienvenue ! A très vite de ce voir avec la bande à Fredo... 
!!! 
Drôle, intéressant et très bien écrit 
en écoutant de bons disques 
