Me voilà donc en route pour le concessionnaire KTM de Tours ; un des seuls où je ne suis jamais allé. Enfin je ne suis jamais rentré.
Pour moi, KTM, c'est des machines de cross ou d'enduro qui vont pas sur la route, à part la Super Duke. Mais tous les essais de celle-ci rapporte une chose : c'est du brutal. Donc je ne m'étais pas trop posé la question de savoir si elle était faite pour moi. Mais aujourd'hui, ils proposent des essais... Donc vous me connaissez : j'y vais.
J'arrive donc chez le concessionnaire. 1er choc : y'a du monde. Quelque chose comme 25630 motards attendent leur tour. Ok j'exagère, mais à peine
J'entre : autant de monde. Je vais pour m'inscrire à l'essai de la Super Duke : c'est la plus demandée et il y a 1H30 d'attente... Je m'inscris et commence à tourner dans le magasin. Puis je commence à discuter avec un des vendeurs sur les supermotards. Je lui narre rapidement mon essai de la Ducati Hypermotard puis lui annonce que quelqu'un (Xrforever) m'a conseillé de tester KTM. Le piti problème, c'est que la correspondance emmène plutôt vers la 990 SM. Je la regarde, elle me laisse de marbre. Je rétorque que je n'accroche pas du tout le look et que je préfère rester sur ma position quant à mon essai. J'apprendrai plus tard que c'est la 690SM qu'il m'a montré ; celle qui à les pots qui remontent. Celle qui est beurk quoi !
L'attente commence. On m'offre un café, du cake, etc... On est bien reçu chez les autrichiens ! Au fil des conversations qui filent, je me rends compte que cette marque rencontre des problèmes d'image, et que les concessions mettent les petits plats dans les grands pour draguer les possesseurs de japonaises. Résultat : ils sont aux petits soins.
Quelques minutes se passent, le temps de m'enfumer un peu les poumons, puis d'aller voir les nouvelles GSX-R chez le voisin Suzuki. Puis le vendeur m'annonce que la SM est disponible pour la prochaine session. OK, je signe, ça va m'occuper.
Les essais sont "contrôlés". C'est-à-dire que les essayeurs suivent un ouvreur qui va les emmener sur tous types de routes sur un circuit bouclé en une vingtaine de minutes.
Voilà les 5 bécanes dans un barouf d'enfer. Il y a :
- 990 Super Duke
- 990 Adventure
- 990 Supermoto
- 2x 690 Duke (1 pour l'ouvreur)
Je m'approche de "la mienne" et voyant la selle culminant à 875 mm, je commence à me dire que, encore une fois, je vais en chier... Mais ils croient quoi les teutons ? Que le monde entier mesure 1m90 ?! C'est la même galère chez BMW. Bon, on verra une fois dessus, ça devrait se tasser. Sinon, elle a quand même un look particulier. Un cadre treillis, un moteur V-Twin, de grandes écopes de réservoir, un long nez plongeant... J'accroche pas, mais alors pas du tout ! C'est encore un peu comme les BMW : la fonction avant le design. Pour ma part, je trouve que cela donne de drôles d'insectes !
Contact, l'injection fait son cinéma, puis démarrage : ça pétarade sec ; un joli bruit de twin, mais moins sympa que le Ducati. J'enjambe, me retrouve sur la pointe du pied gauche (et oui : ça ne se tasse pas tant que ça...) et tente de replier la béquille. J'y parviens après un petit moment de solitude, enclenche la 1ère et départ à la queue-leu-leu. Voyons ce qu'ils nous ont concocté !
Premier constat : je suis posé sur la moto, face aux éléments, et bien en hauteur. La position est typique de ce genre de machine : très droit, les pieds bien en dessous des fesses et les bras légèrement pliés accrochés au large guidon droit. La selle est assez confortable.
Deuxième constat : même s'ils parait qu'ils ont fait des efforts, les autrichiens ne sont pas encore parvenus à réaliser une machine "grand public". Tout respire encore la compétition : la pédale de frein arrière difficile à attraper, le trèèèèèès grand débattement du sélecteur de vitesse, et surtout le moteur.
Ce dernier est un VRAI twin avec tout ce que cela englobe. Nous avons :
- une horreur à bas régime
- une explosivité à la moindre rotation
- une allonge très correcte
- une 5ème et une 6ème vitesse qui ne serviront pas beaucoup
Dès le 1er rond-point, je dois apprendre à composer avec ce satané bas régime infernal. J'apprendrai vite que ce genre de passage se négocie en seconde. Pour l'instant, je passe la 1ère. Ne pas oublier de mettre un coup de gaz pour limiter l'énorme frein moteur, et gérer l'embrayage pour garder une certaine souplesse. En effet : en 1ère et en seconde, la rotation de la poignée est immédiatement suivi d'une claque dans le dos et éventuellement d'un wheeling, et la rétro-rotation est elle accompagnée d'une brutale décélération jetant le pilote contre le compteur s'il ne prend pas garde à verrouiller ses coudes !
Le compteur tiens. Il comporte un compte-tour sur la gauche et un afficheur digital sur la droite. Ce dernier affiche la vitesse, l'heure, des barres que-je-sais-à-quoi-elles-servent. En fait je ne l'ai pas trop détaillé, vu comment je galérais avec ce p**** de moteur !
Nous arrivons sur une 4 voies rapide. Je visse : ça pousse très fort, de moins en moins violemment au fur et à mesure que les rapports montent. La machine est très légère et donc très maniable, même si sa hauteur entraine un haut centre de gravité. Le freinage est très correct à l'avant, avec un bon mordant, alors que l'arrière, quand j'arrive à choper cette minuscule pédale, ne sert à rien.
Feu rouge, aïe aïe, cette hauteur... Puis sortie d'agglomération pour rejoindre une petite route bien viroleuse.
La maniabilité est alors géniale, et je joue entre la 3ème et 4ème vitesse : les bonnes-à-tout-faire. Je m'amuse à sortir le pied en virage, sans aller jusqu'à tenter un travers. Mais comme elle se transforme en jouet, je commence enfin à m'amuser. Il faut quand même faire attention à ne pas doubler le pilote précédent et à ne pas se prendre le suivant dans le cul. J'essaie quand même de me laisser un peu distancer par moment, histoire de visser un peu. On se prend vite au jeu des accélérations-freinages. Je joue à l'élastique quoi !
C'est d'ailleurs la seule utilité que je lui trouverai, avec les wheelings.Passage dans un petit bourg ; retour de la galère avec le jeu de l'embrayage (je réussirai à ne pas caler une fois). Cela me rappelle les cours de plateau tiens !
On repart sur un bout de route bien découverte, donc accélérations de sauvage, civilisé quand même, et là mes cocos, oh my God... Ce vent ! Je suis à peine à 130 km/h et le vent de face m'empêche de monter plus (d'où l'inutilité du 6ème rapport). De plus, la prise au vent est telle que 2 ou 3 bourrasques m'enverront voir ce qu'il se passe sur l'autre voie ! Heureusement : pas de voitures à ce moment là. Bah je peux vous dire que ça calme !
Enfin, retour à la concession par la voie rapide où je m'amuserai à lever un peu la roue aux démarrages. C'est la seule utilité j'vous dis !
Résumons maintenant cette expérience : cette machine n'est absolument pas faite pour moi !
- moteur trop typé twin de compèt, ingérable au quotidien
- protection totalement inexistante
- selle beaucoup trop haute
Je pense que celui ou celle qui gère les glissades en travers trouveront de quoi s'amuser. Mais moi, à part jouer à l'élastique entre 2 virages et agrémenter mes démarrages de wheelings, je ne vois pas...
Aucune polyvalence, cette machine est réellement faite pour ce pourquoi elle a été conçue : faire du supermotard. Il est inutile de chercher à quoi d'autre elle pourrait servir !
