Honda CB 750 Four, quatre "pattes" pour rien que du bonheur
Posté : jeu. 13 août 2015 11:17
Comme promis récemment, je viens poster ici un "travail" personnel de recherche sur la CB750Four, créé en 2010 pour le forum moto de mon village Pas-de-Calaisien, et susceptible d'en intéresser quelques-uns sur le forum. *Le passage aux 900 pixels obligatoires, pour la longueur des docts photos, risque de rendre certains textes intégrés difficilement lisibles, j'en suis désolé.
Bonne lecture.
La Honda CB 750 Four, ou une nouvelle vision de la moto
1968 : Tiens, il se passe des choses ! La TV (en noir et blanc, qu’on a depuis peu) nous montre de l’agitation, surtout à Paris. Puis tout s’accélère. Au lycée, le gamin de 13 ans que je suis n’entrave que dalle. Mais des AG s’organisent bientôt, autorisées par le proviseur dans une salle accordée (Une amorce du souffle de liberté qui s’annoncait…). J’y fais mon éducation politique, et participe très vite aux grèves de printemps des « grands ». (Mon bahut accueillait les jeunes de la 7ème à la Terminale…) Pour ce qui est des manifs à Lille, ce fut niet venant de ma mère. « Trop dangereux » disait-elle. ( Je me rattrapai l’année suivante, contre la loi de (l’amer) Michel Debré…)
- Bon, il veut en venir où l’ancêtre, là, pensez-vous.
- A ceci : pendant que gronde la révolution en France, un japonais mène la sienne chez lui, bien plus calme celle-ci. Il se nomme Soichiro Honda, et a fondé la Honda Motor Company en 1948, parti de rien, comme simple mécanicien. Cette année 1968 il présente au Salon de Tokyo un bijou qui scotche bien des motards sur place, la CB 750 Four :
A mon niveau, je passe complètement à côté. Ce qui m’intéresse la plus à l’époque, ce sont les avions (les warbirds, dont déjà le Corsair…). Construction de maquettes depuis deux ans, des copains aux mêmes affinités, et la forte envie d’être un jour pilote de chasse ! Pauvre de moi… Je me voile les yeux comme ce n’est pas permis, et c’est l’expression la plus adaptée : je suis miro depuis tout petit, et ne touche pas une bille en math. Bref, j’ai un beau randonneur rouge, et je pense quand même déjà un peu à une mob. (Voire plus : « Easy Rider » au ciné me transcende et me laisse sur un nuage à la sortie de la salle).
Mr Honda se fout de mes états d’âme, d’ailleurs il ne me connaît pas. (Moi non plus, et tac !)
Et donc il décide de mettre un terme à la préhistoire motocycliste.
Observons sa nouvelle « grosse », la CB 750 Four :
« Four » car munie d’un magnifique 4 cylindres transversal, associé à une belle ligne de 4 tubes d’échappement chromés.
La machine est résolument moderne, une vitrine de nouvelle technologie, au prix annoncé d’environ 9000 Francs, ce qui n’a rien de dissuasif, vu tout ce qu’elle compte offrir aux futurs heureux propriétaires.
1969 : La CB débarque en Europe. Les clients se bousculent, et on peut les comprendre : une gueule superbe, un frein à disque à l’avant, un démarreur électrique de série, un 4 cylindres en ligne à arbre à cames en tête, propre, (se souvenir des anglaises pissant l’huile…), fiable, sans guère d’entretien ; au final une superbe machine qui peut soutenir sans faillir un 160 km/h de croisière, et qui enfin bénéficie d’une finition et de peintures impeccables…
Au bas mot, la génération de motos qui a précédé Miss CB semble littéralement enterrée.
Pour l’anecdote, un VSD hors série de 1999 en parle comme d’un nouveau Pearl Harbor, pour l’Europe cette fois. (Je ne suis pas loin de penser, par ailleurs, qu’elle a peut-être aussi fait du tort à la célèbre firme de Milwaukee.)
Il est à noter au passage que sa vitesse de pointe ne la place pas parmi les bombes de l’époque. Elle se « limite » à plus ou moins 190 km/h. Mais de toute façon, le motard « commun » n’en demande pas tant, et sur des routes limitées à 130 km/h, hein… D’ailleurs au niveau compétition, et comme le précise cette fiche Atlas, rien n’empêchait de transformer la sage demoiselle en bête de course ou (et) d’endurance : ça ne traîne pas, en 1969, sa première année de commercialisation, le Bol d’Or est remporté à Montlhéry par l’équipage Rougerie-Urdich, montant une CB 750 quelque peu améliorée, et l’année suivante ce sont les 200 miles d’Indianapolis.
Un peu d’histoire Honda :
L’usine des débuts vivote un peu (ouverte après la seconde guerre mondiale), durant quelques années, et produisant des machines copiées sur des modèles étrangers, qu’elle s’efforce de moderniser. La marque perce vraiment en 1959, commençant à gagner des courses, notamment dans le Championnat mondial. Le 4 temps a ses faveurs depuis les débuts, et les moteurs gagnent en fiabilité et robustesse année après année. Honda essaye aussi toutes les combinaisons de cylindres, cylindrées et pots (dont la fameuse sportive 6 cylindres 250 cc), jusqu’à « accoucher » de la belle CB aux 4 cylindres en ligne.
Portrait :
On la dit de grande classe, sinon à l’aspect aristocratique, dotée de choix techniques de qualité.
Son moteur comporte donc un seul arbre de distribution en tête, avec une chaîne centrale aux cylindres ; il donne 67 chevaux. Pas beaucoup ? Peut-être, mais souvenez-vous qu’à l’époque les références anglaises (Triumph, Norton, et autres BSA) ne peuvent en afficher que 60.
Ce moulin, de par ses 4 cylindres/4 pots, dispose d’une souplesse hors norme : la puissance est là à tous les étages, tous les régimes. La CB est aussi très silencieuse, et l’échappement est discret (Ce qui n’aurait pas plu à quelques adeptes de Remus, Devil, Akra, et autres gadgets du genre que je connais… hi hi !) Le moteur est dénué de tous cliquetis et bruits parasites divers.
Quand vous enfourchez la bête, vous méfier en rentrant la latérale, car son centre de gravité est haut placé, et rend peu aisées les manœuvres à l’arrêt. Une fois en route, on découvre avec plaisir une boite de vitesse agréable, une moto souple et bien adaptée à la circulation urbaine, mis à part son freinage donc, peu efficace à l’avant, et à la commande de levier dure. Vous montez régulièrement en puissance, puis à 5000 trs/mn le moteur semble se réveiller et vous propulse d’un coup vers la zone rouge. Bien sûr, sans la protection d’un carénage ou d’un tête de fourche, pas question de tenir bien longtemps à grande vitesse, même si Miss CB ne demande que cela. Au guidon vous trouvez tout le nécessaire :
Avec un confort de selle raisonnable, la CB se révèle au final une machine agréable, qu’on apprécie dans les balades tranquilles, au son mélodieux du 4 pattes. L’entretien est plutôt réduit en comparaison des motos de ces années-là. La vidange, par exemple, se fait tous les 3000 km ; aujourd’hui on l’accepterait mal. Mais à côté de cela, vous n’avez pas de fuites d’huile qui pourraient même vous arroser( !), le démarrage est facile, les freins fonctionnent… assez bien, le moteur est vraiment fiable, la moto est confortable… Tout cela était encore rare chez les concurrents, notamment européens, qui ont subsisté après la guerre. (La France ne fait plus alors que des petites cylindrées… Et toujours rien en 2011, « bonjour tristesse » ! ) A noter aussi que Honda a déjà tapé fort en 1965, en sortant la CB 450 à double arbre à cames en tête et démarreur électrique…
Le choix du 4 temps semble enfin être le bon, puisque ses consorts japonais, qui font du 2 temps, y viendront tous par la suite. (Je vous propose de visionner une petite vidéo montrant Don Halls, heureux veinard britannique, qui nous présente Miss CB (de 1970 certainement, et non 1969 comme le dit le titre, car le mot « Four » apparaît sur le cache latéral, en plus du 750 de 1969) et nous emmène faire un petit tour avec lui dans la campagne anglaise. My God ! What a lucky man, you know !) *Désolé, la vidéo n'existe plus!..
Septembre 1972: Trois années passées déjà, notre belle a évolué (et le fera jusqu’en 1977). Mais la concurrence est vraiment rude désormais. Pourtant cette année-là elle tient toujours en France la tête du hit-parade. En témoignent ces pages de France-Soir (journal de mon papa…), qui enquête sur le monde de la moto.
Septembre 1974 : Oh là, là ! Ca ne va plus… En effet, la clientèle semble bien s’habituer au luxe, aux avantages croissants que les marques donnent à leur machines. Celles-ci bénéficient de plus en plus d’équipements de qualité, les moteurs gagnent en puissance et fiabilité, etc., et notre demoiselle avoue un peu (déjà !) son âge.
Elle en prend pour son grade la pauvre, dans France-Soir encore, qui l’a pourtant portée au pinacle auparavant. Mais chez Honda on a toujours presque réponse à tout, et en l’occurrence aux critiques des motards de nouveau. (Quasiment les mêmes…)
A ceux qui pensent que la CB a gardé la même allure au long de ses 8 années de production, je rétorque que nenni. Témoin ce petit tableau récapitulatif des variantes au cours des années. J’y ajoute certaines « extrapolations » qui nous amènent jusqu’à 1992, avec la période rétro amorcée par la Seven Fifty. Depuis, le sigle CB est resté, mais il a été mis à toutes les sauces, et les motos qui le portent n’ont plus rien à voir avec la Four de 1969. (Heureusement diront les mauvaises langues )
Jetons un œil si vous le voulez bien à ce motard heureux d’avoir vécu un moment malheureux !… Des extraits d’un Moto-Mag de 1999…
* (Patrick parle de son compteur en miles. Ce qui me rappelle mes débuts sur ma TSA : un compteur en miles, et une batterie qui se déchargeait régulièrement !… On me change le compteur un peu après, puis le concessionnaire étudie le truc de la batterie. Topo : ma 125 était initialement prévue pour être vendue aux USA. Là-bas on était obligé de rouler phare allumé, même en 125cc (pas obligatoire pour cette cylindrée en France en 1975). Chez Suz, ils avaient de ce fait trouvé malin d’installer un système, déchargeant la batterie automatiquement si le conducteur n’allumait pas son phare en permanence !! On m’a remis ça au standard français, et je n’ai plus eu de soucis.)
Plus de 40 ans après le « coup de tonnerre », la nostalgie perdure bien autour de Miss Honda Four. Notre star est loin d’avoir disparu. Un tour sur le Net permet d’en prendre conscience : même les plus anciennes existent encore bien souvent, soigneusement préservées et entretenues par leurs propriétaires, collectionneurs et amoureux. Aux States, la philosophie diffère un peu : sur la côte ouest se sont développés des ateliers de restauration, qui les transforment en cafe-racers. Quelques exemples, suivis d’un lien qui vous emmène faire un tour, si ça vous tente, en compagnie de l’un de ces cafe-racers, sur les avenues californiennes bordées de grands palmiers :
http://www.youtube.com/watch?v=74q34jwyDhgJ
2015 :
- Bon, alors ?
- Alors ?! Eh bien 1968-1969, plein de choses en ces deux années, à savoir :
Au revoir De Gaulle, Concorde décolle, le LEM alunit, Woodstock « fleurit », Led Zeppelin existe et je vais user immodérément ses deux premiers 33T. de 69. (comme ceux à suivre), les Stones chantent « Sympathy for the devil », puis c’est leur concert d’Altamont, sous la protection des Hells, avec un spectateur menaçant poignardé, qui y perd la vie, etc.
Pris dans tout ce tourbillon de choses, trop jeune, je ne prends pas conscience vraiment de l’apparition de cette machine d’exception qu’est alors la CB 750 Four. Je m’en rendrai compte plus tard. Entre temps j’aurai été pris de passion pour Suzuki, admirant alors plutôt aussi la « grosse » Kawa 750 RS d’un gars des Beaux-Arts où j'étais, qui se la pétait grave… Moi j’étais heureux comme un fou sur ma p’tite trail 125, et aujourd’hui je le suis toujours, voire plus, sur ma CBF 1000 F, et bientôt plus encore sur la soeur quasi-jumelle de ma Suz trouvée il y a peu, que je finis de remettre en état de marche.
Par ailleurs, il faut savoir que je possède une CB 750 Four…
Puisqu’on est dans les loisirs et produits dérivés, j’en terminerai avec les maquettes. La CB a fait l’objet de fabrication de modèles réduits, ce qui n’est que normalité pour une telle machine de légende. Je ne sais si on peut encore trouver cette maquette à monter aujourd’hui, mais voici en tout cas une boite de chez Tamiya, et deux maquettes montées, vues sur le web :
Après avoir fait ce tour d’horizon dans lequel j’ai essayé de laisser apparaître les qualités et les défauts principaux de cette moto particulière, j’aimerais vous soumettre ce texte écrit par l’un de ceux qui ont plus vécu l’événement que moi à l’époque. C’est un extrait d’un blog historique sur le monde de la moto, assez bien « fichu », et réaliste. On y découvre que mademoiselle Honda n’innovait pas tant que cela dans le fond… Ce motard parle aussi d’une époque où l’on opposait minets et purs … (De ça je me souviens bien, et je me suis efforcé d’ailleurs de ressembler plus à un pur qu’à un minet. Sans vantardise, je crois y être arrivé à peu près, en + ou – 35 ans de bécane… ) (40 ans désormais...)
Enfin, ce monsieur ne dénigre pas tant que cela les 4 pattes Honda, voir la fin de l’extrait sur le rapport entre la drague et ces derniers, lol.
*Ce long post avait été conçu fin 2010, ceci expliquant la dernière phrase anachronique de cette dernière image... CQFD
Bonne lecture.
La Honda CB 750 Four, ou une nouvelle vision de la moto
1968 : Tiens, il se passe des choses ! La TV (en noir et blanc, qu’on a depuis peu) nous montre de l’agitation, surtout à Paris. Puis tout s’accélère. Au lycée, le gamin de 13 ans que je suis n’entrave que dalle. Mais des AG s’organisent bientôt, autorisées par le proviseur dans une salle accordée (Une amorce du souffle de liberté qui s’annoncait…). J’y fais mon éducation politique, et participe très vite aux grèves de printemps des « grands ». (Mon bahut accueillait les jeunes de la 7ème à la Terminale…) Pour ce qui est des manifs à Lille, ce fut niet venant de ma mère. « Trop dangereux » disait-elle. ( Je me rattrapai l’année suivante, contre la loi de (l’amer) Michel Debré…)
- Bon, il veut en venir où l’ancêtre, là, pensez-vous.
- A ceci : pendant que gronde la révolution en France, un japonais mène la sienne chez lui, bien plus calme celle-ci. Il se nomme Soichiro Honda, et a fondé la Honda Motor Company en 1948, parti de rien, comme simple mécanicien. Cette année 1968 il présente au Salon de Tokyo un bijou qui scotche bien des motards sur place, la CB 750 Four :
A mon niveau, je passe complètement à côté. Ce qui m’intéresse la plus à l’époque, ce sont les avions (les warbirds, dont déjà le Corsair…). Construction de maquettes depuis deux ans, des copains aux mêmes affinités, et la forte envie d’être un jour pilote de chasse ! Pauvre de moi… Je me voile les yeux comme ce n’est pas permis, et c’est l’expression la plus adaptée : je suis miro depuis tout petit, et ne touche pas une bille en math. Bref, j’ai un beau randonneur rouge, et je pense quand même déjà un peu à une mob. (Voire plus : « Easy Rider » au ciné me transcende et me laisse sur un nuage à la sortie de la salle).
Mr Honda se fout de mes états d’âme, d’ailleurs il ne me connaît pas. (Moi non plus, et tac !)
Et donc il décide de mettre un terme à la préhistoire motocycliste.
Observons sa nouvelle « grosse », la CB 750 Four :
« Four » car munie d’un magnifique 4 cylindres transversal, associé à une belle ligne de 4 tubes d’échappement chromés.
La machine est résolument moderne, une vitrine de nouvelle technologie, au prix annoncé d’environ 9000 Francs, ce qui n’a rien de dissuasif, vu tout ce qu’elle compte offrir aux futurs heureux propriétaires.
1969 : La CB débarque en Europe. Les clients se bousculent, et on peut les comprendre : une gueule superbe, un frein à disque à l’avant, un démarreur électrique de série, un 4 cylindres en ligne à arbre à cames en tête, propre, (se souvenir des anglaises pissant l’huile…), fiable, sans guère d’entretien ; au final une superbe machine qui peut soutenir sans faillir un 160 km/h de croisière, et qui enfin bénéficie d’une finition et de peintures impeccables…
Au bas mot, la génération de motos qui a précédé Miss CB semble littéralement enterrée.
Pour l’anecdote, un VSD hors série de 1999 en parle comme d’un nouveau Pearl Harbor, pour l’Europe cette fois. (Je ne suis pas loin de penser, par ailleurs, qu’elle a peut-être aussi fait du tort à la célèbre firme de Milwaukee.)
Il est à noter au passage que sa vitesse de pointe ne la place pas parmi les bombes de l’époque. Elle se « limite » à plus ou moins 190 km/h. Mais de toute façon, le motard « commun » n’en demande pas tant, et sur des routes limitées à 130 km/h, hein… D’ailleurs au niveau compétition, et comme le précise cette fiche Atlas, rien n’empêchait de transformer la sage demoiselle en bête de course ou (et) d’endurance : ça ne traîne pas, en 1969, sa première année de commercialisation, le Bol d’Or est remporté à Montlhéry par l’équipage Rougerie-Urdich, montant une CB 750 quelque peu améliorée, et l’année suivante ce sont les 200 miles d’Indianapolis.
Un peu d’histoire Honda :
L’usine des débuts vivote un peu (ouverte après la seconde guerre mondiale), durant quelques années, et produisant des machines copiées sur des modèles étrangers, qu’elle s’efforce de moderniser. La marque perce vraiment en 1959, commençant à gagner des courses, notamment dans le Championnat mondial. Le 4 temps a ses faveurs depuis les débuts, et les moteurs gagnent en fiabilité et robustesse année après année. Honda essaye aussi toutes les combinaisons de cylindres, cylindrées et pots (dont la fameuse sportive 6 cylindres 250 cc), jusqu’à « accoucher » de la belle CB aux 4 cylindres en ligne.
Portrait :
On la dit de grande classe, sinon à l’aspect aristocratique, dotée de choix techniques de qualité.
Son moteur comporte donc un seul arbre de distribution en tête, avec une chaîne centrale aux cylindres ; il donne 67 chevaux. Pas beaucoup ? Peut-être, mais souvenez-vous qu’à l’époque les références anglaises (Triumph, Norton, et autres BSA) ne peuvent en afficher que 60.
Ce moulin, de par ses 4 cylindres/4 pots, dispose d’une souplesse hors norme : la puissance est là à tous les étages, tous les régimes. La CB est aussi très silencieuse, et l’échappement est discret (Ce qui n’aurait pas plu à quelques adeptes de Remus, Devil, Akra, et autres gadgets du genre que je connais… hi hi !) Le moteur est dénué de tous cliquetis et bruits parasites divers.
Quand vous enfourchez la bête, vous méfier en rentrant la latérale, car son centre de gravité est haut placé, et rend peu aisées les manœuvres à l’arrêt. Une fois en route, on découvre avec plaisir une boite de vitesse agréable, une moto souple et bien adaptée à la circulation urbaine, mis à part son freinage donc, peu efficace à l’avant, et à la commande de levier dure. Vous montez régulièrement en puissance, puis à 5000 trs/mn le moteur semble se réveiller et vous propulse d’un coup vers la zone rouge. Bien sûr, sans la protection d’un carénage ou d’un tête de fourche, pas question de tenir bien longtemps à grande vitesse, même si Miss CB ne demande que cela. Au guidon vous trouvez tout le nécessaire :
Avec un confort de selle raisonnable, la CB se révèle au final une machine agréable, qu’on apprécie dans les balades tranquilles, au son mélodieux du 4 pattes. L’entretien est plutôt réduit en comparaison des motos de ces années-là. La vidange, par exemple, se fait tous les 3000 km ; aujourd’hui on l’accepterait mal. Mais à côté de cela, vous n’avez pas de fuites d’huile qui pourraient même vous arroser( !), le démarrage est facile, les freins fonctionnent… assez bien, le moteur est vraiment fiable, la moto est confortable… Tout cela était encore rare chez les concurrents, notamment européens, qui ont subsisté après la guerre. (La France ne fait plus alors que des petites cylindrées… Et toujours rien en 2011, « bonjour tristesse » ! ) A noter aussi que Honda a déjà tapé fort en 1965, en sortant la CB 450 à double arbre à cames en tête et démarreur électrique…
Le choix du 4 temps semble enfin être le bon, puisque ses consorts japonais, qui font du 2 temps, y viendront tous par la suite. (Je vous propose de visionner une petite vidéo montrant Don Halls, heureux veinard britannique, qui nous présente Miss CB (de 1970 certainement, et non 1969 comme le dit le titre, car le mot « Four » apparaît sur le cache latéral, en plus du 750 de 1969) et nous emmène faire un petit tour avec lui dans la campagne anglaise. My God ! What a lucky man, you know !) *Désolé, la vidéo n'existe plus!..
Septembre 1972: Trois années passées déjà, notre belle a évolué (et le fera jusqu’en 1977). Mais la concurrence est vraiment rude désormais. Pourtant cette année-là elle tient toujours en France la tête du hit-parade. En témoignent ces pages de France-Soir (journal de mon papa…), qui enquête sur le monde de la moto.
Septembre 1974 : Oh là, là ! Ca ne va plus… En effet, la clientèle semble bien s’habituer au luxe, aux avantages croissants que les marques donnent à leur machines. Celles-ci bénéficient de plus en plus d’équipements de qualité, les moteurs gagnent en puissance et fiabilité, etc., et notre demoiselle avoue un peu (déjà !) son âge.
Elle en prend pour son grade la pauvre, dans France-Soir encore, qui l’a pourtant portée au pinacle auparavant. Mais chez Honda on a toujours presque réponse à tout, et en l’occurrence aux critiques des motards de nouveau. (Quasiment les mêmes…)
A ceux qui pensent que la CB a gardé la même allure au long de ses 8 années de production, je rétorque que nenni. Témoin ce petit tableau récapitulatif des variantes au cours des années. J’y ajoute certaines « extrapolations » qui nous amènent jusqu’à 1992, avec la période rétro amorcée par la Seven Fifty. Depuis, le sigle CB est resté, mais il a été mis à toutes les sauces, et les motos qui le portent n’ont plus rien à voir avec la Four de 1969. (Heureusement diront les mauvaises langues )
Jetons un œil si vous le voulez bien à ce motard heureux d’avoir vécu un moment malheureux !… Des extraits d’un Moto-Mag de 1999…
* (Patrick parle de son compteur en miles. Ce qui me rappelle mes débuts sur ma TSA : un compteur en miles, et une batterie qui se déchargeait régulièrement !… On me change le compteur un peu après, puis le concessionnaire étudie le truc de la batterie. Topo : ma 125 était initialement prévue pour être vendue aux USA. Là-bas on était obligé de rouler phare allumé, même en 125cc (pas obligatoire pour cette cylindrée en France en 1975). Chez Suz, ils avaient de ce fait trouvé malin d’installer un système, déchargeant la batterie automatiquement si le conducteur n’allumait pas son phare en permanence !! On m’a remis ça au standard français, et je n’ai plus eu de soucis.)
Plus de 40 ans après le « coup de tonnerre », la nostalgie perdure bien autour de Miss Honda Four. Notre star est loin d’avoir disparu. Un tour sur le Net permet d’en prendre conscience : même les plus anciennes existent encore bien souvent, soigneusement préservées et entretenues par leurs propriétaires, collectionneurs et amoureux. Aux States, la philosophie diffère un peu : sur la côte ouest se sont développés des ateliers de restauration, qui les transforment en cafe-racers. Quelques exemples, suivis d’un lien qui vous emmène faire un tour, si ça vous tente, en compagnie de l’un de ces cafe-racers, sur les avenues californiennes bordées de grands palmiers :
http://www.youtube.com/watch?v=74q34jwyDhgJ
2015 :
- Bon, alors ?
- Alors ?! Eh bien 1968-1969, plein de choses en ces deux années, à savoir :
Au revoir De Gaulle, Concorde décolle, le LEM alunit, Woodstock « fleurit », Led Zeppelin existe et je vais user immodérément ses deux premiers 33T. de 69. (comme ceux à suivre), les Stones chantent « Sympathy for the devil », puis c’est leur concert d’Altamont, sous la protection des Hells, avec un spectateur menaçant poignardé, qui y perd la vie, etc.
Pris dans tout ce tourbillon de choses, trop jeune, je ne prends pas conscience vraiment de l’apparition de cette machine d’exception qu’est alors la CB 750 Four. Je m’en rendrai compte plus tard. Entre temps j’aurai été pris de passion pour Suzuki, admirant alors plutôt aussi la « grosse » Kawa 750 RS d’un gars des Beaux-Arts où j'étais, qui se la pétait grave… Moi j’étais heureux comme un fou sur ma p’tite trail 125, et aujourd’hui je le suis toujours, voire plus, sur ma CBF 1000 F, et bientôt plus encore sur la soeur quasi-jumelle de ma Suz trouvée il y a peu, que je finis de remettre en état de marche.
Par ailleurs, il faut savoir que je possède une CB 750 Four…
Puisqu’on est dans les loisirs et produits dérivés, j’en terminerai avec les maquettes. La CB a fait l’objet de fabrication de modèles réduits, ce qui n’est que normalité pour une telle machine de légende. Je ne sais si on peut encore trouver cette maquette à monter aujourd’hui, mais voici en tout cas une boite de chez Tamiya, et deux maquettes montées, vues sur le web :
Après avoir fait ce tour d’horizon dans lequel j’ai essayé de laisser apparaître les qualités et les défauts principaux de cette moto particulière, j’aimerais vous soumettre ce texte écrit par l’un de ceux qui ont plus vécu l’événement que moi à l’époque. C’est un extrait d’un blog historique sur le monde de la moto, assez bien « fichu », et réaliste. On y découvre que mademoiselle Honda n’innovait pas tant que cela dans le fond… Ce motard parle aussi d’une époque où l’on opposait minets et purs … (De ça je me souviens bien, et je me suis efforcé d’ailleurs de ressembler plus à un pur qu’à un minet. Sans vantardise, je crois y être arrivé à peu près, en + ou – 35 ans de bécane… ) (40 ans désormais...)
Enfin, ce monsieur ne dénigre pas tant que cela les 4 pattes Honda, voir la fin de l’extrait sur le rapport entre la drague et ces derniers, lol.
*Ce long post avait été conçu fin 2010, ceci expliquant la dernière phrase anachronique de cette dernière image... CQFD
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Bravo pour avoir réalisé et exhumé tout ça ! 
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