
Non, comme depuis deux ans, pour toute une série de bécanes que je vous épargne dont la caractéristique est d'être des monos ou bicylindres.
Motard depuis 74, voyageur en mobylette et vélo avant et toujours, j'ai passé bien plus de temps sur deux roues qu'en caisse. D'ailleurs, de caisse, je n'en ais plus depuis plus de 20 ans. Et je suis arrivé, il y a 2 ans donc, au bout de ma période TA (Transalp, en 600) : centre de gravité trop haut, éclaire aussi peu qu'elle ne freine, etc, pour mes capacités déclinantes de pratiquant toute saison rattrapé par l'âge.
Ladite période ayant duré environ 180 000 bornes, la transition n'allait pas être simple. Il me faut un véhicule de transition : pas une caisse, donc. Ce sera un Forza 300, bien plus polyvalent au demeurant qu'on ne l'imagine : sur Nantes-Arles, le 5 janvier, je n'ai mis qu'une heure 30 de plus qu'en 650Vstrom.
Bref, je passe deux ans à tester la patience des vendeurs du village-moto. Jusqu'à ce 17 juin où un éclat de couleur m'accroche l’œil (je suis un ancien auteur-photographe, alors la couleur...). Je m'approche et je vois le plus beau rouge que je puisse imaginer sur une moto, se mariant parfaitement avec différentes teintes de noir, et là vous savez déjà de quelle machine je parle.
À quoi ça tient, quand même, j'aurais bien pu passer sans la voir, dans son coin ou je ne jette qu'un œil distrait vu que globalement ce n'est pas ma came toute cette débauche de puissance, de technologie et de prix. Donc je m'approche : waouh qu'elle est belle ! et toute équipée !
Rentré maison, j'épluche le Net, et pas mal votre forum (bravo, super forum, et je crois m'y connaitre un peu). Fiabilité, économie, aptitudes voyages, freinage, éclairage, etc, elle coche toute les cases. Mais c'est un 4 pattes ? Je ne vais pas mourir idiot, demain j'essaie.
Demain. Il pleut. Super ! C'est le temps rêvé pour un essai d'une moto qui roulera toute l'année. Avanti !
Je ne vais pas vous refaire la liste de toutes ses qualités que vous connaissez bien mieux que moi, juste une anecdote. En sortie de virage je remets gentiment les gaz et là c'est le flash : je revois le gamin de 19 ans, parti de Nemours un début avril pour Rome, grimpant le Col de Tende avec sa 500 Four en 1977. Est-ce le son, la propulsion, l'architecture moteur, autre chose ? Toujours est-il que je me gare, parce que là, l'émotion m'a pris et je ne suis plus à mon affaire.
Je souffle un peu tout en la regardant, elle est de plus en plus belle. Je remonte en selle. Redémarre. Rentre. Signe.
Me voilà donc contractuellement lié avec une belle libertaire voyageuse bien équipée (top-case, valises, selle confort, bulle MRA+spoiler, élargisseurs sous rétro, sifflets ultrasons, top-blocks...) mais incomplète (prolong de garde-boue AV AR, graisseur, etc.) et améliorable (amortissement/suspension honnête mais on peut faire beaucoup mieux avec EMC et Hyperpro, par exemple) de 34 000 km et de 2011, garantie un an.
Mais que vient faire Corneille dans cette histoire ?
Et bien si on la taquine un peu au point qu'elle se souvienne de son ascendance sportive, ce vers de Polyeucte me semble bien adapté :
Le désir s'accroît quand l'effet se recule
Et toute interprétation autre que motocycliste serait aussi déplacée que censurable par les modos de cet (excellent) forum.
Sur ce , je m’aperçois qua ça fait bien une heure que je ne suis pas allé m'extasier devant ma beauté.
Y a quelque chose qui cloche la d'dans,
J'y retourne immédiatement
